Le corps est à l’honneur au Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis. L’événement consacré à la littérature jeunesse, qui va se dérouler cette année du 29 novembre au 4 décembre à Montreuil, propose une exploration passionnante de cette question essentielle pour le jeune public. Avec, en bonus, une mise en avant on ne peut plus opportune des mots du sport, à quelques mois de Paris 2024.

Rendez-vous au stand H22 du salon ! Le ministère de la Culture y mettra en valeur ses dispositifs nationaux (Premières Pages, Nuit de la lecture, Partir en livre, opération « Dis-moi dix mots », jeunes en librairies ou le Pass culture). Il y accueillera également les éditions du Patrimoine et du Centre national de la danse, ainsi que les associations nationales travaillant au développement de la lecture chez les jeunes. Voilà qui promet une ambiance riche en présentations, explications et démonstrations passionnantes !

Le thème 2023 : crayonner la « tectonique » des corps

Cette année le salon s’est choisi un thème qui le conduit à inventer sans complexes rien moins qu’une nouvelle discipline, la tectonique des corps ! Il charge quatre artistes internationaux, « qui donne du corps à la littérature jeunesse », d’en jeter les fondements sinon scientifiques du moins résolument poétiques, puisqu’il s’agit, avec cette tectonique des corps, d’exprimer en dessins et illustrations les mouvements profonds de l’univers organique (corps embrassés, corps dansants, mouvements de jeux ou de tendresse, corps multiples, gracieux, empêchés…), que le geste graphique joue et déjoue magnifiquement.

Voici donc quatre expositions aux quatre coins du salon, signées respectivement de la Suissesse Albertine (« On peut raconter beaucoup de choses avec le corps même quand il n’est pas juste. Si on veut prolonger un membre, faire en sorte que tout à coup un soutien-gorge devienne très très très très long ; ça raconte quelque chose de l’histoire et du personnage »), le Canadien Gérard DuBois (« J’aime l’idée d’une image où il ya un petit délai de latence et on découvre un truc un peu étrange »), la Norvégienne Mari Kanstad Johnsen (« Pendant des semaines, j’ai dessiné directement à partir d’images, en imposant de saisir les caractères des morses et des girafes ») et enfin la Française Roxane Lumeret (« J’aime dessiner la diversité des corps. Il y a énormément d’anatomies différentes selon l’âge, le style, l’état d’esprit et même l’espèce… »).

Quatre manières singulières d’incarner l’enfance dans un dispositif scénographique interactif (jeux de lumières et de miroirs, gymnastique et manipulations) qui engagera le corps, cette fois le corps du public, dans une véritable immersion graphique qui promet d’être fort amusant . Signalons que les illustrations de l’exposition seront reproduites et exposées elles aussi dans 500 librairies, bibliothèques, Centres de Culture et de Connaissance des Collèges, et lieux culturels partenaires du salon.

La table ronde des champions de « Dis-moi dix mots »

Faire monter les mots du sport sur le podium, et les couronner de lauriers : à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, cette initiative du ministère de la Culture (Délégation à la langue française et aux langues de France) tombe à photo. Il s’agit de la formule 2023-24 du dispositif « Dis-moi dix mots », labellisée Olympiade culturelle, qui invite tout un chacun à jouer et à s’exprimer de septembre à juillet, sous une forme littéraire et/ou artistique, autour de dix mots choisis par les partenaires francophones du réseau OPALE (Organismes francophones de politique et d’aménagement linguistiques).

Dix mots de l’univers de la performance physique ont été choisis : un vocabulaire puisé dans le registre des techniques (s’encorder, hors-jeu, faux départ, collectifet le curieux aller aux oranges) mais aussi dans le registre dont les journalistes (c’est le moment de relire les articles d’Antoine Blondin !) se sont servis pour écrire la légende (adrénaline, champion, échappée, mental, prouesse) … Chacun perçoit dans cette liste combien les mots, par leur seule puissance, suscitent l’imagination. Et combien le défi d’en écrire un beau texte s’apparente à la compétition sportive… !

Et ce vocabulaire n’est pas sans significations : il est chargé des valeurs du sport (respect de soi-même, respect de l’autre, dépassement de soi, courage, détermination, respect du droit, sens de la justice, fraternité…) Nuls mieux placé que trois des auteurs qui ont contribué (Karine Lambert, Yahia Belaskri et Jérôme Eeckhout, auteurs du Québec, d’Algérie et de Belgique, dont les contributions sont disponibles dans le livret d’accompagnement « dis-moi dix mots » – à télécharger ci-dessous) pour venir évoquer le sport, la culture et la francophonie, jeudi 30 novembre, à la table ronde du stand du ministère de la Culture.

Ce n’est pas tout ! Dire un roman d’un mot : voilà l’idée heureuse des partenaires du dispositif (L’École des Lettres, l’école des loisirs et Rue de Sèvres). Ils ont placé un livre sous chacun des mots de l’année (« Dix mots dix livres »). C’est là procéder, pour chaque œuvre, à une coupe ou perspective grosse de mille réflexions. Comme, par exemple : « s’encorder avec du matériel d’alpinisme, avec les bras, avec des sentiments, avec des souvenirs. Ça ne sauve pas de tout, mais ça aide à passer des endroits difficiles… » (La Neige en DeuilDominique Monféry), ou bien l’illustration du mental selon Chen Jiang Hong et son personnage : « Petit Aigle aiguise son œil en considérant les pierres de la colline, les grains de riz sur la natte, les oiseaux en plein vol. Il affûte son oreille en écoutant les vibrations infimes d’une pièce de monnaie suspendue… »