Malgré les crises économiques actuelles, les tactiques contenues et les actions calculées du Hezbollah lui ont valu une popularité accrue au-delà des clivages sectaires.

[Beirut] Aux quatre coins du Levant méditerranéen, la vie a changé le 7 octobre. Au Liban, surtout au Sud, la vie n’a plus jamais été la même. L’escalade de la guerre est une réalité dans les zones frontalières où les milices libanaises du Hezbollah et l’armée israélienne se battent quotidiennement depuis plus de 110 jours.

Entre 26 et 40 civils ont été tués dans les bombardements israéliens, dont des enfants et des journalistes, et au moins 176 combattants du Hezbollah sont également morts. De l’autre côté de la frontière, 12 soldats israéliens et six civils ont perdu la vie. Mais après près de quatre mois de combats, une chose semble avoir légèrement repris vie au Liban : la popularité du Hezbollah.

Bien que son soutien soit toujours divisé entre les lignes sectaires, les sondages du Washington Institute montrent « une augmentation de l’approbation du Hezbollah dans tous les domaines par rapport au dernier sondage en novembre 2020 ». Environ 34 % des sunnites et 29 % des chrétiens expriment une opinion positive du parti politique libanais, mais son plus grand soutien vient de la communauté chiite avec 93 % d’entre eux partageant une opinion positive et 89 % une opinion « très positive ». « Le sentiment dans le pays, en particulier dans le camp pro-Hezbollah et chez les habitants du sud, est que le Hezbollah est l’entité qui peut les protéger contre les attaques israéliennes », a déclaré Laury Haytayan, experte en pétrole et en gaz en Israël. le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Le sentiment dans le pays, en particulier dans le camp pro-Hezbollah et parmi les habitants du sud, est que le Hezbollah est l’entité qui peut les protéger contre les attaques israéliennes.

Joseph Daher, universitaire et chercheur syrien et auteur de Hezbollah : économie politique du Parti de Dieu, a déclaré à Media Line que « le soutien du Hezbollah n’a pas radicalement changé ». « Les gens qui étaient auparavant contre le Hezbollah, comme les forces libanaises ou le parti Kataeb, [also known as the Phalanges]le sont toujours et ils les accusent d’entraîner le Liban dans la guerre », a déclaré Daher.

Ils n’ont pas le même soutien que lors de la guerre de 2006, et même s’ils soutiennent le mouvement palestinien, ils ne veulent pas d’une guerre au Liban.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque et répond quotidiennement aux attaques israéliennes, mais ses actions et les discours de son chef Hasan Nasrallah montrent son manque d’intention de se joindre à une guerre à grande échelle. « Ils n’ont pas le même soutien que lors de la guerre de 2006, et même s’ils soutiennent le mouvement palestinien, ils ne veulent pas d’une guerre au Liban », a expliqué Daher. « Le Hezbollah peut encore dire, sans être massivement impliqué dans la guerre, qu’il a fait quelque chose », a-t-il déclaré à The Media Line.

« Ce que fait le Hezbollah avec Israël est très calculé », a déclaré Haytayan. Après trois mois de menaces constantes d’une éventuelle escalade, y compris l’assassinat du chef adjoint du Hamas Saleh al-Arouri dans la banlieue de Beyrouth, la milice libanaise a exposé sa stratégie. « Le Hezbollah ne tombera pas dans le piège de commettre des actes non mesurés qui pourraient donner à Israël l’opportunité d’entrer dans les territoires libanais et de créer ce tampon qu’Israël souhaite aujourd’hui », a-t-elle déclaré à The Media Line.

Cette stratégie peut apporter certains avantages au parti politique qui souffrait d’un manque de légitimité avant la guerre contre Gaza. À l’heure actuelle, et l’accord maritime israélo-libanais l’a prouvé il y a deux ans, « il n’y aura pas d’accord avec le Liban concernant la guerre post-Israël-Hamas ou Israël-Liban qui n’inclura pas le Hezbollah », a déclaré Haytayan. « Le Hezbollah respecte les règles et ne se lance pas dans l’aventurisme parce que, en même temps, il en voit les avantages avec les Américains avec lesquels il veut créer un partenariat indirect et complice », a-t-elle déclaré à The Media Line.

« Si le prix à payer par le Hezbollah pour qu’il puisse accéder à un endroit où il sera mieux accepté par les Américains comme étant ceux qui contrôlent le pays et ne les défie pas comme avant, c’est que certains de ses chefs militaires tués, ils sont prêts à le payer pour obtenir plus de légitimité de la part des États-Unis », a ajouté l’expert libanais du pétrole et du gaz.

Les gains de cette stratégie contenue pourraient être non seulement géopolitiques mais aussi à l’échelle nationale. « Le soutien au Hezbollah diminue depuis 2006 », a déclaré Daher. « L’implication du Hezbollah aux côtés du régime syrien pour vaincre le soulèvement a porté un coup dur à son soutien, et également lors du soulèvement de 2019 puisqu’il est devenu l’acteur le plus important au Liban et considéré comme responsable de la crise économique comme le reste de la politique et du régime. classe économique », a-t-il déclaré à The Media Line.

Mais la guerre n’a rien changé au fait que le Liban souffre de l’une des pires crises économiques au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. C’est pourquoi une faible majorité de Libanais, comme le montre un sondage du Washington Institute, convient qu’« à l’heure actuelle, la réforme politique et économique interne est plus importante pour notre pays que n’importe quelle question de politique étrangère, nous devrions donc rester en dehors de la guerre étrangère ».

Chaque fois que la question palestinienne revient, la population du Moyen-Orient s’unit autour de la lutte contre Israël, mais un changement majeur dans la vision du Hezbollah est très difficile car il n’est pas seulement un acteur libanais mais un acteur régional impliqué dans de nombreux autres pays et en collaboration. avec le Hamas.

« Chaque fois que la question palestinienne revient, la population du Moyen-Orient s’unit autour de la lutte contre Israël, mais un changement majeur dans la vision du Hezbollah est très difficile car il n’est pas seulement un acteur libanais mais un acteur régional impliqué dans de nombreux autres pays et dans collaboration avec le Hamas », a conclu Daher.